Biographie
Né à Petrovichi, dans la Russie révolutionnaire, Isaac Asimov a émigré aux États-Unis en compagnie de ses parents, à l'âge de trois ans. Dès son entrée sur la scène littéraire en 1939, le thème principal de ses romans est présent : comment peut-on raconter des révoltes de robots ? Pour s'assurer que c'est impossible, il formule en 1941 les trois lois de la robotique : 1. Un robot ne peut nuire à un être humain en danger. 2. Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par les êtres humains, sauf quand ces ordres sont incompatibles avec la première loi. 3. Un robot doit protéger sa propre existence tant que cette protection n'est pas incompatible avec la première ou la deuxième loi. Une telle casuistique devrait rendre toute histoire de robot à jamais impossible. Le génie d'Asimov est d'en avoir écrit plus de cinquante, dont Les Robots (1950), en respectant ses propres postulats. Tantôt ce sont les hommes qui se trompent sur les mobiles des robots, ce qui les oblige à enquêter pour trouver la clef de l'énigme, tantôt ce sont les robots qui découvrent le doute, hésitant, par exemple, à croire qu'un être aussi débile que l'homme soit leur créateur.
La Grande Dépression et, surtout, la Seconde Guerre mondiale alimentent son inquiétude. Face à la catastrophe menaçante, que peut faire le savant qu'il est en train de devenir (il soutiendra sa thèse en 1949) ? Prendre le pouvoir ? Certainement pas. Tout ce qui est possible, c'est de constituer une fraternité de savants qui se perpétuerait au fil des âges, analysant l'avenir prévisible, intervenant discrètement pour améliorer le cours des choses. Les nouvelles du cycle de la Fondation vont faire d'Asimov le plus fameux des écrivains de science-fiction et le leader de sa génération. Abordant le roman, Asimov conte la naissance de l'Empire galactique dont la tétralogie La Fondation (1951-1982) annonçait la chute. Devenu universitaire, il entame une carrière de vulgarisateur. Mais une rupture dans sa vie privée, en 1970, l'amène à revenir sur lui-même, à écrire son autobiographie, à replacer presque tous ses romans à l'intérieur d'une trame unique qui est sa vision personnelle de l'avenir. Un nouveau cycle est esquissé dans La Fin de l'éternité (1975) : au terminus du temps, l'homme doté de superpouvoirs (et converti à une vision psychanalytique de l'histoire) en vient à contrôler son propre passé. Asimov est optimiste. Aux grandes angoisses contemporaines, il sait que la science a toujours des remèdes à proposer. Mais il sait aussi que l'angélisme du savant doit composer avec le cynisme des politiques.
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